Licencié du RWDM parce qu’il a porté un maillot de Courtrai, Moussa Sissako a fait appel au syndicat des joueurs : “Lamkel Zé aurait été viré 25 fois”
Le défenseur était prêté par Sotchi à Molenbeek. United Athletes (ex-Sporta) prépare un dossier avec ses avocats. Sébastien Stassin explique.
- Publié le 17-04-2024 à 22h22
À la fin du mois de mars, le RWDM a décidé de rompre prématurément le prêt de Moussa Sissako pour faute grave. La raison ? En pleine rééducation après une rupture du tendon rotulien du genou, le Malien a (re)posté une photo de lui portant le maillot de son frère, Abdoulaye, joueur de Courtrai. En cette fin de saison, le KVK est un des concurrents des Molenbeekois dans la lutte pour le maintien. “Dans les circonstances actuelles, on ne peut pas accepter, même si c’est une vareuse de son frère, qu’il puisse s’afficher avec le maillot d’un concurrent direct”, avait expliqué Maxime Vossen, COO du RWDM, insistant sur le fait que la blessure du défenseur, qui allait l’écarter jusqu’à la fin de saison, n’avait rien à voir avec la décision et que le club n’essayait pas “d’économiser”. “Même s’il avait été apte à jouer, la décision aurait été la même.”
Le clan Sissako, se sentant lésé, a fait appel au syndicat des joueurs, United Athletes (anciennement “Sporta”). “Le joueur nous a contactés le jour même, explique Sébastien Stassin, secrétaire pour le secteur football d’UA. Dans ce cas-ci, le club l’a licencié pour faute grave. Selon moi, ce n’en est pas une. Nous avons une année pour porter plainte. Nous n’allons pas attendre si longtemps : nous sommes en train de préparer le dossier calmement. De toute façon le joueur, malheureusement pour lui, vu sa blessure, ne sait pas faire grand-chose. Mais il travaille individuellement. Nous contacterons le club via notre avocat et nous verrons jusqu’où ça va aller.”
Une action en justice possible
Pour Stassin, le fait de poster une photo n’est pas un motif qui ne permet plus au club de travailler avec le joueur. Il n’a pas encore eu affaire à ce genre de situation exactement. “Une chose est certaine : si Moussa Sissako avait été en ordre à 100 %, il aurait toujours été sous contrat au RWDM et aurait joué les playdowns. S’il n’est pas blessé, jamais le club le met dehors. Si, par exemple, Biron l’avait fait, il ne lui serait pas arrivé la même chose. Je ne m’avancerai pas en disant que son licenciement est dû à des raisons financières mais tout le monde peut le penser…”
Le dossier peut déboucher sur une action en justice, si le RWDM ne réagit pas aux courriers du syndicat ou s’il réagit d’une manière avec laquelle UA n’est pas d’accord. La procédure pourrait prendre un an avant de passer devant un tribunal. “Si pas plus longtemps car le système belge n’est pas le plus rapide.”
Plusieurs arguments pour la défense
Que Sissako, qui était prêté au RWDM par Sotchi, ait porté le maillot de son frère en dehors des infrastructures du club est un des arguments à faire valoir estime sa défense. “Le RWDM n’avait pas la possibilité de fournir les soins et a dit au joueur : 'Tu peux aller en externe parce que nous n’avons pas les moyens de le faire'… À ce moment-là, le garçon effectue sa revalidation dans un endroit privé, où on a le droit de porter ce que l’on veut. Il n’a pas les vêtements du club parce que tout ça est resté à Molenbeek. Il faut aussi faire la différence entre deux choses : bien que le maillot qu’il ait porté soit celui d’un club adverse, c’est le maillot de son frère à qui Moussa est attaché. Le maillot d’Abdoulaye était là. Je ne suis même pas sûr que le joueur ait réalisé quel maillot il avait sur le dos. Il s’est juste dit : 'Bon j’ai un maillot, je vais m’entraîner'.”
Moment où le patron de la salle où Sissako a choisi de publier cette photo sur Instagram. “Sans réfléchir, Moussa l’a repostée pour dire : 'Voilà, je suis en train de travailler à ma rééducation et je veux revenir en forme'.”
Le défenseur a ensuite reçu un message de la part du RWDM lui expliquant qu’il ne pouvait pas faire ça, affirme Stassin. Le Malien s’est excusé et la publication a été retirée une heure plus tard. “Est-ce intelligent ? Non. Mais cela justifie-t-il une impossibilité d’encore travailler ensemble ? Pas du tout. Sinon je pense que Lamkel Zé aurait été mis dehors à 25 reprises à l’Antwerp. Chose qui n’avait pas été faite. Et pourquoi ? Parce que l’Antwerp sait très bien que ce n’est pas possible de licencier quelqu’un pour cette raison…”
Le RWDM “confiant par rapport à la décision”
Contacté par nos soins, le joueur n’a pas souhaité réagir. Par contre, le RWDM, via Maxime Vossen, son Chief Operating Officer (COO), a précisé sa position : “Le club est confiant par rapport à la décision qui a été prise. Libre à Moussa et son entourage d’essayer d’avoir gain de cause, nous verrons bien quelle sera la décision prise par le tribunal si l’affaire devait terminer devant celui-ci. Nous aurions aimé connaître l’avis de son ex-club, le Standard, si Moussa avait porté publiquement un maillot d’Anderlecht floqué au nom de son frère à l’époque…”